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Le 15 août 1967
L'EXPÉRIENCE DU 15 AOÛT 1967
Je me suis assise, ça allait être l'heure [de la méditation
collective] , peut-être une demi-minute avant, et instantanément, sans
préparation, comme cela, comme un coup de massue : une descente tellement
puissante — immobilisée tout à fait -— de quelque chose... C'était comme si Sri
Aurobindo me disait en même temps (parce que la définition est venue en même
temps que l'expérience ; c'était une vision qui n'était pas une vision, c'était
tout à fait concret) et le mot était : golden pence [une paix dorée].
Mais si fort ! et puis cela n'a plus bougé. Pendant une demi-heure, cela n'a pas
bougé. C'est quelque chose de nouveau, que je n'avais jamais senti avant. Je ne
peux pas dire... c'était perçu, mais pas comme une vision objective. Et
spontanément d'autres personnes m'ont dit que dès qu'elles se sont assises pour
la méditation (geste de descente massive), quelque chose est venu avec
une puissance formidable... et tout à fait immobilisée, et une impression de
paix qu'ils n'ont jamais sentie dans leur vie.
Golden peace... Et c'est vrai, cela donnait l'impression de la
lumière d'or supramentale, mais c'était une paix ! concrète, tu sais, pas la
négation du désordre et de l'activité, non : concret, la paix concrète. Je ne
voulais plus m'arrêter ; on avait sonné, je suis restée encore deux minutes,
trois minutes. Quand je me suis arrêtée, c'est parti. Et cela a fait une telle
différence pour le corps — le corps lui-même —, une telle différence que quand
c'est parti, je me suis sentie tout mal à l'aise, il m'a fallu une demi-heure
pour retrouver l'équilibre.
C'est venu et c'est parti. C'est venu pour la méditation et
c'est parti. Pendant plus d'une demi-heure, trente-cinq minutes.
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Et le soir [au balcon]¹, il
y avait une foule — je crois que c'est la plus grande foule que nous ayons
jamais eue, ça allait dans toutes les rues ; aussi loin que je pouvais voir
c'était plein de gens; alors je suis sortie, et quand je suis sortie, de toute
cette foule est montée comme une... quelque chose entre une imploration, une
prière et une protestation pour l'état dans lequel se trouve le monde, et
particulièrement le pays. Et cela montait en vagues... je regardais cela, et
puis (c'est extrêmement insistant) je me suis dit : "Ce n'est pas mon jour,
c'est le jour de Sri Aurobindo", j'ai fait comme cela (geste en retrait)
et j'ai mis Sri Aurobindo en avant. Et alors il s'est mis en avant; en se
mettant en avant, il a simplement dit, simplement : "The Lord knows better what
he is doing"²... (Mère rit)
Immédiatement je me suis mise à sourire (je n'ai pas ri, mais je me suis mise
à sourire) et il est venu la même paix que le matin.
Voilà.
"The Lord knows better what he is doing", avec son sens de
l'humour le plus parfait. Et immédiatement tout s'est calmé.
¹Le 15 août,
anniversaire de Sri Aurobindo, Mère donna le Darshan en se tenant debout
quelques minutes au balcon de sa chambre à l'étage et en regardant ceux qui
s'étaient rassemblés dans les rues en bas.
²"Le Seigneur
sait ce qu'il fait."
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